La finance responsable, pratique marginale ou nouvelle ère ? Rencontre-débat avec Mme Savelli, Crédit Municipal de Nantes

Chaque année, des intervenants professionnels animent des conférences très variées autour du développement durable à l'IAE Nantes - Économie & Management, pour permettre aux étudiants de se confronter aux problématiques concrètes des entreprises et des organisations. Rencontre avec Mélanie Savelli, directrice-adjointe du Crédit Municipal de Nantes.

Pouvez-vous nous parler de votre intervention auprès des étudiants du Master CODEME ?

Portrait Je suis intervenue sur le thème de la finance responsable en cherchant à voir si c’était une pratique encore marginale ou le début d’une nouvelle ère, d’une prise de conscience. J’ai présenté le parcours du Crédit Municipal par rapport à la finance responsable, les écueils, le green washing et les dérives auxquels il a été confronté. Ce n’est pas si simple mais cependant, de très nombreuses initiatives fleurissent en ce moment sur ce sujet. Nous voyons émerger une nouvelle prise de conscience de la part des acteurs financiers, qui se rendent compte que le changement climatique a un coût. C’est un risque, qui peut être systémique, mais aussi des opportunités.
Au Crédit Municipal, la finance responsable est présente sur 3 points : une politique RSE interne forte (bien-être des collaborateurs au travail, économies d’énergie, tri des déchets, déplacements optimisés…) ; les produits financiers proposés, à vocation sociale ou environnementale, comme le micro-crédit « véhicules propres » pour les personnes bénéficiant de faibles ressources ; une politique ISR de placements responsables pour s’assurer de la bonne utilisation des fonds de l’entreprise avec un objectif de 50% des placements d’ici 2023.
 

Comment les étudiants ont réagi ?

Tout d’abord, les étudiants n’ont pas remis en question le business model du Crédit Municipal de Nantes. Toutefois, ils sont plus circonspects sur la véracité de cette nouvelle ère en finance, sur les initiatives mises en place pour réorienter les flux des capitaux vers quelque chose de plus durable ou plus social. Comme ils l’expliquent, c’est un sujet complexe, les montages se font plutôt en interne et la visibilité du côté du consommateur est moindre. Même s’il y a des labels, ils ont du mal à leur accorder leur confiance. Il y a toujours une certaine défiance de la finance, même si on trouve de plus en plus d’exemples de spécialistes de la finance qui se positionnent réellement dessus.

Même à petite échelle, il est possible de trouver des solutions pour investir de façon vertueuse. Chacun a un rôle à jouer.

En quoi est-ce important d’intervenir auprès des étudiants ?

Ça a toujours été dans l’ADN du Crédit Municipal d’accepter les sollicitations. La structure est peu connue et nous aimons raconter son histoire, porter ses belles valeurs sociales à la connaissance du public et notamment les jeunes générations, qui ne connaissent pas du tout ce type de structure.
Je donnais quelques cours à l’Université de Rennes 2, déjà, puis j’ai rencontré Patrice Guillotreau * à une conférence sur la finance responsable, à Nantes. Il s’est rapproché de moi et du directeur général du Crédit municipal de Nantes, qui m’accompagnait, pour savoir si nous étions disponibles pour une intervention dans son Master. Nous avons tout de suite accepté.

* Professeur en économie et responsable du Master CODEME en 2018-2019
 

Quel message souhaitez-vous passer auprès de notre communauté ?

J’aimerais dire qu’on peut agir à toute échelle, sur l’argent et la réorientation de la finance, en étant consom’acteur, par exemple en choisissant sa banque ou en demandant des précisions sur la destination de son argent, en exigeant que nos placements soient investis sur des fonds spécifiques développement durable. Une pétition a d’ailleurs été lancée récemment sur le livret développement durable, dont les fonds ne sont pas finalement pas majoritairement fléchés vers des fonds verts et sociaux !
Tout le monde peut être acteur du changement, il ne faut surtout pas hésiter et mettre la pression pour que l’argent soit réellement placé de façon éthique et responsable. Même à petite échelle, il est possible de trouver des solutions pour investir de façon vertueuse. Chacun a un rôle à jouer.
 

Merci Mme Savellli pour votre intervention auprès de nos étudiants.



Propos recueillis en octobre 2021

Mis à jour le 08 octobre 2021.