Témoignage de Laure Després, diplômée 1970 en sciences économiques

UNE VIE D’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE

Hormis deux ans passés à l’Université du Mans, Laure Després aura toujours enseigné à la Faculté de sciences économiques de Nantes. Ses premiers cours, elle les a donnés alors qu’elle était encore étudiante, en 4e année. « C’était une époque de pénurie d’enseignants. J’avais 15 jours d’avance sur mes étudiants ! », évoque-t-elle, amusée.

De chargée de TD à professeur, sa carrière est étroitement liée à celle de son mari, Robert Tartarin, lui aussi enseignant-chercheur en sciences économiques à Nantes. Ils ont mené leurs recherches ensemble, partageant un intérêt commun pour l’étude du système économique soviétique et séjournant dans les meilleurs instituts – à Moscou, à Harvard - pour préparer thèse d’État et thèse complémentaire (nécessaire alors pour accéder au professorat). Et à la mort de Robert, en 2001, c’est Laure qui reprend son cours sur les systèmes économiques.

Le fil rouge de ses travaux ? Les sujets peu défrichés. Cela l’amènera à travailler sur l’économie militaire russe, sur l’exportation des armes… et à apporter la preuve, avant l’heure, de la fragilité de l’URSS en se focalisant sur les problèmes d’approvisionnement de l’armée russe.

Pratiquant avec un égal bonheur enseignement et recherche, elle s’est beaucoup impliquée dans la vie de la fac et en particulier dans le développement des relations internationales. Elle a participé ainsi à la création de la filière « BA European Economics », avec des cours à Nantes et à la Middlesex University.

Professeure émérite depuis 2007, membre associée du LEMNA, laboratoire de recherche en économie et management de l’IAE, elle se consacre aujourd’hui aux problématiques économiques de la transition écologique. Elle publie de nombreux articles sur le sujet et a coordonné l’ouvrage « L’estuaire de la Loire, un territoire en développement durable », paru en 2009.

Très critique vis-à-vis de l’enseignement actuel de l’économie, centré sur les modèles mathématiques et considérant le capitalisme comme un horizon indépassable, Laure Després estime avoir connu un âge d’or. « Ma carrière m’a comblée. L’université était un lieu de grande liberté intellectuelle, ouvert à tous les sujets de recherche. C’est indispensable si l’on veut innover ».